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Croix-Rouge française : réchauffer les cœurs et les corps

Croix-Rouge française : réchauffer les cœurs et les corps

Croix-Rouge française : réchauffer les cœurs et les corps La Croix-Rouge française va à la rencontre des personnes en situation de précarité dans le cadre du Samu social.
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Le 06/01/2014 | 18h07

Avec l’hiver, les conditions de vie sont de plus en plus dures pour les personnes en situation de précarité. Depuis bientôt neuf ans, la Croix-Rouge va à leur rencontre dans le cadre du Samu social. Mais en quoi consiste le travail de ces bénévoles ?

19 h : local de la Corix-Rouge

Une voiture se gare devant un bâtiment isolé. Mickaël ouvre le rideau de fer du dépôt de la Croix-Rouge qui se lève bruyamment. Il fait 2°C ce soir-là. La lumière des néons illumine les lieux. Le temps presse.

Ils sont six à faire équipe : Mickaël, le chef d’équipe, bénévole depuis huit ans, Anne, Virginie, Gwendal, Yann le chauffeur et Pascale pour qui ce sera la toute première maraude. Les uniformes enfilés, ils s’affairent autour du camion donné par la ville de Quimper, remis en état au garage solidaire de Carhaix et réaménagé entièrement cet été grâce au fi nancement du conseil général du Finistère. Café, thé, chocolat, sucre, couvertures, bonnets, gants sont chargés dans le véhicule.

Mickaël fait chauffer les bouilloires pour remplir les thermos pendant que les denrées fournies par la Banque alimentaire (paquets de biscuits, boîtes de sardines…) sont rangées à bord. Il est temps de partir, direction le centre-ville…

19 h 20 : ravitaillement dans deux boulangeries

La camionnette se gare à proximité d’une boulangerie de la rue du Chapeau Rouge, partenaire du Samu social à qui elle donne ses invendus. Ce soir, 17 sandwiches, des viennoiseries et des gâteaux. Le camion rejoint ensuite une autre boulangerie au rond-point de Kernisy pour y récupérer du pain.

20 h 10 : hôtel sociale du CCAS

La camionnette se rend ensuite au 21 bis, rue Étienne-Gourmelen, pour recevoir la soupe préparée et offerte par le Centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville de Quimper ainsi que des sandwiches. Les vingt-trois places de l’hôtel social sont déjà toutes attribuées ce soir.

20 h 25 : place Saint-Corentin

Le véhicule du Samu social s’immobilise sur la place. Les portes arrière s’ouvrent, une table est dépliée et une vingtaine de jeunes, piercings aux lèvres, sont déjà là avec leurs chiens en liberté. Ce qui surprend, c’est leur jeunesse et leur insouciance.

Léa par exemple, 19 ans, un jeans deux fois trop grand pour elle et le verbe haut. Elle débarque tout juste de Savoie et revendique avec fierté ses quatre ans passés à la rue. Elle partage un squat avec d’autres jeunes de son âge. Ils se connaissent tous, chahutent gentiment : « La soupe est bonne ! » Pascale distribue son premier café, Anne va à la rencontre des plus timides et leur propose une couverture, un sac de provisions avec du pain, deux sandwiches, une boîte de sardines et des paquets de gâteaux.

Mickaël note scrupuleusement le prénom de chacun, pour savoir qui et combien de personnes sont passées les voir…

21 h 30 : Locmaria

Devant l’entrée de l’église Notre- Dame-de-Locmaria, ils ne sont que deux ce soir, D., la soixantaine, fl anqué de son chien, et G. « Locmaria, c’est le coin des anciens », précise Mickaël. Au détour d’une phrase, Anne s’enquiert de savoir s’ils ont mangé aujourd’hui.

22 h 15 : gare routière

Des jeunes qui étaient place Saint-Corentin arrivent à la gare routière et reprennent un sac de provisions. D’autres les ont rejoints. Les esprits sont plus échauffés. L’alcool aidant, des insultes sont échangées.

Vêtu d’un simple jogging, A., 25 ans, surgit de nulle part. Il semble un peu perdu derrière ses grosses lunettes qui lui valent le sobriquet d’Harry Potter.

Un équipier vient lui parler pour éviter que les autres ne s’en prennent à lui. La rue ne fait pas de cadeau. H. a 52 ans. Ancien employé d’une société de nettoyage, il vit dans sa voiture depuis juin après une séparation difficile : « J’essaie de rester propre, dedans comme dehors ! Heureusement que la Croix-Rouge est là. Le plus important ce n’est pas le casse-croûte, c’est de parler à quelqu’un. Je n’ai vu personne de la semaine. »

23 h 15 : retour au local de la Croix-Rouge

La dernière personne est repartie avec une couverture. Quarante-quatre individus auront été aidés : c’est le nombre moyen des personnes rencontrées chaque soir depuis le début du mois.

Retour au local en inspectant au passage les halls des distributeurs de billets qui servent souvent de refuge. Vingt minutes plus tard, le camion a rejoint son box. Il a été rangé, nettoyé. Les uniformes sont suspendus à la patère, prêts pour la prochaine maraude.

Yann coupe la lumière blafarde des néons, referme le rideau de fer dans un grand crissement de métal.

Mickaël, Anne, Pascale, Gwendal et Virginie repartent vers leurs vies de famille, laissant la place au silence.

Bénévole au Samu social : pourquoi pas vous ?

Pascale est auxiliaire de vie et bénévole au Samu socialVoir l'image en grand Pascale est auxiliaire de vie et bénévole au Samu social.Pascale est auxiliaire de vie, elle participait à sa toute première maraude : « C’est en aidant un SDF qui s’était légèrement blessé que j’ai décidé d’aller plus loin et de postuler comme bénévole au Samu social. »

Pour devenir bénévole, contactez l’unité locale de la Croix-Rouge française – 79, avenue Jacques Le Viol - 29000 Quimper. Tél. 02 98 55 66 33. Mail : ul.quimper@croix-rouge.fr

Soirs de maraude

Les mardis, jeudis, vendredis, dimanches de novembre à fin mars.

Les vendredis en avril, mai, juin, septembre et octobre.

Tous les soirs, durant l’hiver, en cas de vigilance accrue déclenchée par le Préfet du Finistère.

Appelez le 115

Vous êtes témoin d’une personne dormant à la rue, ou vous êtes vous-même à la rue, appelez le 115 (numéro gratuit).