La Ville a reçu le label de niveau 2 de la charte « Ya d’ar brezhoneg » pour son engagement pour la langue bretonne.
Quimper sait qu’elle est aussi Kemper. La langue bretonne fait partie des richesses des Quimpérois, c’est pourquoi la Ville soutient ce qui contribue à la promouvoir. Les initiatives sont nombreuses, auprès des enfants mais également des adultes qui se mettent au breton. Le breton s’affiche dans la cité, dans le patrimoine, dans la culture, dans le cadre d’une politique partenariale.
Ya d’ar brezhoneg : oui au breton. Même des non bretonnants peuvent sans doute se retrouver dans cette formule, elle est plus largement un oui à la diversité des langues régionales – lesquelles peinent à obtenir une vraie reconnaissance dans le paysage hexagonal.
Ya d’ar brezhoneg, c’est aussi une charte, proposée par l’Office de la langue bretonne (Ofis ar brezhoneg) que les élus de Quimper ont signée en 2008. Établissement public créé par l'État, le Conseil régional et les Conseils généraux de Bretagne, l’Office favorise la pratique quotidienne du breton, dans l’enseignement et la vie publique (subvention municipale de 3 800 € en 2012).
Le maire Bernard Poignant et la présidente de l’Office public de la langue bretonne, Léna Louarn, organisent ce mercredi la remise officielle du label Ya d’ar Brezhoneg de niveau 2 à la Ville. Ya d’ar Brezhoneg (oui au breton) est une charte visant à favoriser la pratique quotidienne de la langue.
Adhérente à la charte depuis 2008, Quimper poursuit ses actions pour mettre le breton en valeur et encourager sa pratique.
Le 16 mai, Quimper a décroché officiellement la certification label 2 de cette charte, mettant ainsi davantage le breton « à la vue de tous » (brezhoneg war wel) et encourageant son développement.
Des efforts avaient déjà été menés dans le soutien à l’enseignement bilingue, à la formation, au niveau du site web de la Ville, etc.
Récemment, elle a amélioré la signalisation routière bilingue et la signalétique des bâtiments. Les aménagements au Terrain Blanc en sont une belle illustration. À la maison du patrimoine, une guide conférencière agréée a assuré en 2011 six visites en breton pour des groupes d’adultes et dix pour des scolaires.
Des visites bilingues thématiques (la mort, les places), des nocturnes, ont eu du succès, de même qu’un événement comme La nuit hantée du musée départemental breton, rythmée par des chansons et expressions bretonnes (plus de 1 200 participants). Par ailleurs, des livrets-jeux sont disponibles en breton.
Et la suite ? Loïc Philippon, conseiller municipal aux diversités culturelles et langue bretonne, est confiant : « Nous allons conserver tous ces acquis, les faire fructifier et nous engager dans cinq autres actions, afin d’arriver au niveau 3. Pour cela, les associations vont continuer à jouer un rôle important auprès de la Ville. »
La pérennité du breton passe par son apprentissage par les enfants. Même s’ils ne l’entendent pas à la maison, ils tirent profit d’un bilinguisme précoce (flexibilité de la pensée, faculté de synthèse, facilité dans les apprentissages ultérieurs…).
Dans le cadre de sa compétence école primaire, Quimper apporte une dotation à la filière bilingue de l’enseignement public identique à celle de la monolingue. L’école Jacques Prévert a, depuis 1997, un cursus de la maternelle au CM2 avec des cours dispensés à 50 % en français et en breton.
Elle compte 71 élèves répartis en 3 classes. Les parents d’élèves s’impliquent via l’association Div yezh. Dans le secondaire, le collège et le lycée Brizeux proposent également un enseignement bilingue.
La Ville soutient les filières scolaires et les actions relayées par Ti ar Vro, association créée en 1996 à l’initiative de la municipalité et qui fédère une quarantaine d’associations œuvrant pour la culture bretonne (langue, musique, danse, théâtre, arts, sports et jeux, échanges culturels, événements… Subvention de 100 170 € en 2012).
Le réseau Diwan (immersion, tout en breton) a une école primaire sur deux sites, à Kermoguer et Penhars, la Ville lui verse le même forfait-élève qu’aux écoles privées sous contrat d’association; il a également un collège à Penhars. Diwan est locataire des locaux, qui sont des propriétés communales.
L’enseignement catholique propose une filière bilingue à l’école primaire Saint-Raphaël – Saint-Charles (même forfait municipal qu’en monolingue). Par ailleurs, vingt classes de huit écoles publiques bénéficient de séances hebdomadaires d’initiation au breton.
Le financement est assuré à 33 % par la Ville, 17 % par la Région et 50 % par le Conseil général. Mais à Quimper, depuis 2010 le breton commence dès… la crèche : aux Petits mousses, les enfants y sont sensibilisés, par des jeux et comptines, en lien avec l’association Divskouarn.
Pour ces deux dispositifs, c’est Mervent qui intervient. Cette association, forte de 26 salariés, est en parallèle très active dans l’enseignement de la langue bretonne aux adultes.
C’est ainsi que 38 agents de la Ville, de l’agglomération et du Centre communal d’action sociale suivent des cours sur le temps de travail ou sur la pause de midi. Autre spécificité quimpéroise proposée par Mervent : les cours semi-intensifs ; à raison de six heures par semaine, ils permettent au bout d’un an, d’atteindre le niveau européen B1 (fin de collège).
Une dizaine de « cours du soir » rassemblent 90 élèves, en partenariat avec les Maisons pour tous de Penhars et Kerfeunteun, la maison de quartier du Moulin Vert et Ti ar Vro Kemper.
« La nouveauté cette année, c’est une formation professionnelle intensive au breton, sur six mois, qui peut représenter une véritable passerelle pour l'emploi, explique le directeur, Yannig Menguy. Soulignons que la cohérence des actions en faveur du breton fait du Finistère le département le plus engagé ».
En Bretagne, le nombre d’enfants apprenant le breton progresse de 4 à 5 % chaque année. Tout cela s’inscrit dans la dynamique de la campagne de communication menée par Ti ar vro en ce moment sur le thème « Il est de bon ton de parler breton », qui rappelle aussi qu’apprendre le breton, enfant, n’est pas un choix marginal. En effet, « du biberon au bac, 701 enfants s’épanouissent dans onze établissements du pays de Quimper ». Autre signe de modernité : la mobilisation récente en faveur d’un Facebook en breton.
Les Bretons – et bien d’autres ! Corses, Alsaciens, Catalans… – ont d’ailleurs encore une fois montré leur attachement à la diversité des langues et cultures le 31 mars dernier (lire pages XIV et XV), lors de la manifestation « Deomp de’i ! » (allons-y).
La langue bretonne semble donc bien avoir l’avenir devant elle.
Ti Ar Vro Kemper, tél. 02 98 90 70 43
Mervent, tél. 02 98 87 72 41