La ville de Quimper adapte ses services afin d'y répondre au mieux : elle met à disposition des places d'hébergement temporaire et d'accueil de jour. Celles-ci favorisent une meilleure prise en charge des seniors et permettent aux aidants de s'accorder du temps pour eux-mêmes.

E n partenariat avec les acteurs quimpérois de l'action gérontologique, la Ville œuvre à la coordination des interventions des différents professionnels : pose d'une téléalarme, livraison de repas, habitat groupé, hébergement très médicalisé en résidence, etc. Le Centre communal d'action sociale (CCAS) et le Centre local d'information et de coordination (CLIC) servent de relais.

Soulager les familles

La Ville est gestionnaire d'un Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sur deux sites, Les Bruyères à Penhars et Les Magnolias à Kerfeunteun. À Plogonnec, l'EHPAD La Résidence du Steir (gérée par le Centre intercommunal d'action sociale du Steir) compte 76 places, dont 6 en accueil de jour.

Aux Magnolias, en plus du placement permanent, il existe deux types d'accueil : l'hébergement temporaire, pour plusieurs nuits (90 jours au maximum par an), et l'accueil de jour, destiné aux personnes désorientées.

Ainsi les aidants qui, au quotidien, accompagnent un proche, peuvent le confier en toute tranquillité. « Oui, ils ont le droit de dire : « On est fatigué », souligne le personnel des Magnolias. Sans être culpabilisé à l'idée de « laisser » un parent. Se décharger sur une équipe permet de garder ses propres ressources plus longtemps, tout le monde en bénéficie. Il ne faut pas hésiter à se renseigner ! »

Le médecin coordonnateur évalue les besoins, une commission d'admission examine le dossier. Un soignant peut, en amont, se rendre au domicile de la personne, afin de connaître son environnement ; une visite des Magnolias est prévue pour échanger sur les habitudes de vie, repérer les visages ou la place à table...

Pour mieux adapter la prise en charge des résidents, il est proposé à chacun d'avoir un référent au sein de l'EHPAD et, à partir de 2012, de bénéficier d'un projet personnalisé.

L'hébergement temporaire est envisagé pour des personnes dépendantes mais non désorientées. Cela permet par exemple à la famille qui s'occupe habituellement du proche, de faire une pause.

Il peut également être recommandé dans le cas de soins lourds à apporter de façon transitoire. C'est aussi une « porte d'entrée », un bon moyen pour préparer une future intégration, laquelle peut-être parfois vécue comme brutale. Ce service est assuré toute l'année, de manière souple, en fonction des places disponibles.

Ainsi Étienne passe quelques semaines aux Magnolias, suite à un problème de santé de son épouse, Maria, 83 ans. Elle lui rend visite en bus trois fois par semaine. « Il est bien pris en charge à la résidence, le personnel est agréable et je vois la coordinatrice des soins quand c'est nécessaire, explique-t-elle. Le kiné qui l'aide à marcher dans sa chambre est celui qui le suit depuis 2004. » Mais comme Maria va mieux, Étienne n'a qu'une seule hâte : rentrer à la maison. « L'ergothérapeute est venue chez nous, pour prévoir une installation dans le salon, précise-t-elle. On va donc s'organiser. »

Un suivi individualisé

L'accueil de jour est possible uniquement dans le Cantou (Centre d'animation naturel tiré d'occupations utiles). Cette unité est dédiée aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de troubles apparentés, pour lesquelles un suivi individualisé est indispensable, dans un espace sécurisé. Chaque famille est très libre de confier son proche régulièrement, un ou deux jours par semaine ou plus ponctuellement.

Un espace contigu à la salle à manger est prévu pour ces personnes, avec des fauteuils de repos, le journal, la télévision... Elles sont intégrées aux activités proposées par l'animatrice, l'aide médico-psychologique, l'ergothérapeute (présente tous les jeudis*) : cuisine, jardinage, gym douce, jeux de mémoire, sorties en ville... Si les sollicitations sont nombreuses, le rythme de chacun est respecté.

Marguerite-Marie avait de l'appréhension à l'idée d'un hébergement en Cantou pour Jean, son mari, victime d'une hémorragie cérébrale. « Un retour à la maison n'était plus possible, confie-t-elle. Je suis venue seule, une première fois, visiter les lieux ; j'ai eu un accueil de qualité, cette petite structure est rassurante. » Puis elle a apporté un fauteuil pour la chambre de Jean, un dessin de leur petit-fils... « Je le sais en sécurité. On s'occupe très bien de lui. Je viens le voir presque tous les jours, sans contrainte horaire, ce qui n'est pas le cas dans tous les établissements. Je me sens moins épuisée, j'ai repris des activités, des responsabilités. »

Le personnel des Magnolias est formé à ces accueils particuliers et travaille beaucoup en équipe. « Parfois les aidants se retrouvent comme coincés entre deux générations, remarque une soignante. Au-delà de toute l'affection qu'ils ont pour leurs proches, de leur dévouement exemplaire, il leur faut se repositionner. Un placement temporaire aide à dédramatiser. »

Certains prennent part aux conseils de vie sociale, tous les trimestres : usagers, professionnels et partenaires discutent du bien-être des personnes qui, quelle que soit leur situation, sont toujours considérées comme étant « chez elles ».

Une psychologue aide les résidents à avoir des projets, intervient auprès des familles, parfois inquiètes si le retour à domicile est compliqué. Même si elle est médicalisée, la résidence est donc avant tout un lieu de vie, dans la dignité, l'écoute et, autant que possible, le respect des habitudes de chacun.