« Un état de plénitude » : Alexis Salkin définit ainsi son plaisir à jouer du hautbois. Talentueux élève du conservatoire de musiques et d’art dramatique de Quimper, à 18 ans il a pourtant bien les pieds sur terre.
La musique est pour lui un formidable moyen d’apprendre à se connaître et de faire des rencontres. Il suffit de lui demander : « Le hautbois, pourquoi ? » et le regard pétille, le corps s’anime, les mots fusent.
Oui, j’ai toujours habité impasse Feunteunic ar Lez : l’été, par les fenêtres ouvertes, on entend les pianos du conservatoire tout proche… On y ajoute une mère organiste et un père choriste en amateur, quatre frères et sœur aînés passionnés de violon, harpe, guitare, djembe, batterie, orchestration… Comment y échapper ? Ainsi, le Conservatoire est ma deuxième maison. À cinq ans, j’y ai démarré le « chant chorale » avec Jean-Louis Jézéquel, un professeur remarquable. À huit ans, j’ai choisi le hautbois, plus doux que la bombarde. Il est le roi dans l’orchestre : il donne le la, comme un diapason, tous les autres instruments s’accordent sur lui.
Parce qu’il est beau, noble : regardez ces vis, ces ressorts ; écoutez ce son original, qui se mérite : il change selon l’heure du jour, la température, l’humidité… et le hautboïste, bien sûr. On fait corps avec son instrument, on chante dedans, on est dans la respiration… la vie, mieux que tous les antidépresseurs ! Je donne une douzaine de concerts par an, en orchestre symphonique. Mais aussi avec des musiciens traditionnels. Pour le bac, en juin, j’ai joué un morceau de yiddish.
Non, il faut le sortir de ce cliché ! Mon enseignant, Narcis Llongueres, qui oscille entre baroque et rock, s’y emploie, en montant un hautbois électrique branché à une pédale ! Il a une place dans les musiques actuelles ; la preuve, notre groupe, la bande de hautbois, fait des concerts de musique répétitive avec les Polarités.
Pas du tout ! J’y suis présent tous les jours, sauf le vendredi et le dimanche, il est ouvert sur la nouveauté, les parcours atypiques, toutes les formes d’expression, et en tant qu’élève délégué je le confirme. Les musiciens ont des personnalités fortes, riches, attachantes. Ainsi Hervé Lesvenan, qui a marqué ma formation musicale et m’a donné envie d’écrire. En dehors du hautbois, je pratique le chant, la basse, la guitare, découverte en colo… tout ce qui groove !
Pour son côté celtique, sa verdure, son chemin de halage, les balades sur les quais le dimanche soir, une ambiance très particulière. J’aime également le quartier de la médiathèque. Sans oublier le théâtre Max Jacob, qui a une salle magnifique, idéale pour les concerts.
Ma passion prend de la place mais va rester un loisir. Je rêve d’embarquer dans la marine marchande - j’ai démarré l’optimist à Creac’h Gwen à six ans -, en souhaitant que les périodes à terre me laisseront du temps pour jouer. D’ici là, j’espère intégrer un orchestre universitaire, je ne connais rien de mieux que la musique pour se faire des amis !