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Ronan et Erwan Bouroullec, la fratrie créatrice

Ronan et Erwan Bouroullec, la fratrie créatrice

Ronan et Erwan Bouroullec, la fratrie créatrice Ronan et Erwan Bouroullec, designer.
Le 02/04/2012 • Mis à jour le 03/05/2013 | 16h08


Bouroullec : un nom qui a la cote sur la scène internationale du design. Un nom qui sonne breton ? Et pour cause, Ronan voit le jour en 1971 à Quimper, puis Erwan en 1976.

Le bac en poche, l’ainé file à Paris, à l’École des arts décoratifs ; le cadet, après une année aux beaux-arts de Quimper, choisit l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise.

L’environnement rural et maritime de leur enfance affleure dans leurs créations, qui témoignent d’une certaine économie de moyens.

Ronan et Erwan sont attachés à la Cornouaille, Ronan y a d’ailleurs une maison, les deux artistes prônent avant tout l’ouverture et les rencontres culturelles.

Leur style leur ressemble : exigeant, épuré et mystérieux parfois. Pièces d’ameublement, luminaires, arts de la table, architecture, aucun domaine n’échappe à leurs talents associés.

Depuis une quinzaine d’années, ils multiplient les partenariats avec les plus grands industriels et exposent dans de prestigieux musées.

Créer à deux, c’est particulier. Être frères facilite les choses ?

Nous sommes heureux de travailler ensemble, même si le travail à deux a sa part de difficultés. Notre lien familial fait que nous avons grandi dans un même contexte et que nous partageons de nombreuses références, formelles, colorimétriques, etc.

Nous avons une grande compréhension de l’autre : intuitive et naturelle. Cependant, nous sommes différents et c’est peut-être là qu’est le creuset de la richesse d’un projet.

Si ces différences nourrissent énormément notre travail commun, elles sont parfois source de désaccord. Chaque projet nécessite une longue discussion, avant que nous n’atteignions un accord final qui nous satisfasse pleinement tous deux ; cela peut prendre des mois ! Nous n’aimons pas les compromis.

Comment répartissez-vous les tâches ?

Rien n’est fixe. Concevoir un objet est un peu comme préparer un plat. Il y a quelques ingrédients nécessaires mais la réussite dépend d’une alchimie complexe. Dans le processus de design, il y a peu de règles. Certaines idées jaillissent rapidement, alors que d’autres sont le résultat de recherches plus longues. De la même façon, nos rôles sont interchangeables d’un projet à l’autre.

Vos canapés, chaises, lampes, cloisons et autres objets se trouvent chez Vitra, Magis, Ligne Roset ou Alessi… Comment conciliez-vous la recherche et le fait de produire des objets manufacturés ?

Notre intérêt pour le design industriel est lié à la reproduction non limitée des objets.

Un produit manufacturé innovant est toujours le fruit de beaucoup de recherches.

Parallèlement à cela, depuis une dizaine d'années, nous produisons des objets pour la galerie kreo, à Paris. Ce contexte singulier, permettant une certaine respiration dans notre travail, nous a souvent amenés à comparer le travail pour la galerie à l’usage d’un cahier de brouillon, une recherche plus instinctive libérée des contraintes imposées par l'industrie. Nous nous laissons ici le temps d’explorer différents mediums et techniques extraordinaires que l'industrie rejette, d’appréhender des savoir-faire uniques. Et parfois, certains objets édités en série limitée trouvent une application en grande série.

Vous êtes à l’honneur actuellement dans deux expositions, la première au Centre Pompidou Metz, l’autre au Vitra Design Museum, vous venez de sortir Cercles, une application iPad permettant de découvrir vos croquis et dessins libres, vous allez créer un luminaire pour mettre en valeur l’escalier Gabriel du château de Versailles… Pas de doute, vous aimez le travail !

Notre métier est passionnant parce qu’il est mouvant. Oui, nous sommes occupés et c’est justement cela qui fait que chaque jour est intéressant.