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Le musée des Beaux-Arts, toute une histoire ! : une exposition à découvrir jusqu'au 26 septembre

Le musée des Beaux-Arts, toute une histoire ! : une exposition à découvrir jusqu'au 26 septembre

Le musée des Beaux-Arts, toute une histoire ! : une exposition à découvrir jusqu'au 26 septembre Musée ancienne photo
Le 21/08/2025 • Mis à jour le 21/08/2025 | 17h06

Le musée des Beaux-Arts, toute une histoire !

Projet co-conçu par les Archives municipales et communautaires et le Musée des Beaux-Arts

Hall de l’Hôtel de Ville et d’agglomération du 21 août au 26 septembre 2025

Derrière la façade du musée des Beaux-Arts, quasiment immuable depuis sa construction entre 1869 et 1871, se cache toute une histoire. Le bâtiment lui-même a connu de multiples extensions dont deux bouleversements architecturaux majeurs, l’un de 1972 à 1976 et l’autre de 1985 à 1993.

L’exposition se propose d’explorer cette histoire en mettant l’accent sur l’évolution du bâti et de la scénographie à travers une soixantaine de pièces d’archives (affiches, plans, dessins d’architecte, manuscrits, courriers divers ainsi que photographies).

S’ajoutent à ces documents, quelques objets emblématiques de la muséographie tels que des cadres de différentes époques, un surprenant porte-estampes du début du XXe siècle et quelques éléments de mobilier dessinés par Jean-Paul Philippon en 1993. Cet ensemble témoigne du souci constant de mettre en valeur la très riche collection quimpéroise et d’accueillir le public dans un lieu accessible à tous.

Durant cette période de fermeture, les œuvres du musée restent visibles : certaines sont en dépôt dans plusieurs musées en France (Besançon, Orléans, Pont-Aven…), d’autres sont en prêts dans des expositions en France et à l’étranger, enfin l’immense majorité font actuellement l’objet d’un chantier des collections. De nombreux projets hors-les-murs ont vu le jour au cours de ces derniers mois : des ateliers, des expositions de reproductions (« Le musée hors les murs ») se sont tenus dans divers lieux tels que des MPT, des EPHAD, le CCAS et l’UBO. Le hall de l’Hôtel de Ville et d’Agglomération présente, en sus des objets originaux, un ensemble de kakemonos réalisés tout spécialement pour évoquer la collection à travers une sélection d’œuvres commentées. Ces supports ont vocation à circuler dans les mois à venir : ils sont à la disposition d’associations désireuses de promouvoir un aspect de la culture du territoire.

Cette exposition a été conçue de manière transversale entre deux services municipaux et communautaires (le musée et les archives). Elle vise à valoriser un pan de l’histoire de musée qui sera visible dans le nouveau parcours du musée à sa réouverture en 2026.


Depuis 2022, la ville de Quimper travaille à la mise en place d’un Contrat de performance énergétique (CPE) pour le musée des Beaux-Arts. Ce projet s’inscrit dans le dispositif « éco-énergie tertiaire », obligation réglementaire engageant les acteurs du tertiaire vers la sobriété énergétique. Il impose une réduction progressive de la consommation d’énergie dans les bâtiments de plus de 1_000_m² à usage tertiaire, afin de lutter contre le changement climatique.

Pour le musée, ce projet a pour objectifs de réduire de manière significative sa consommation énergétique et d’améliorer les conditions climatiques au sein du bâtiment.

Cela passe notamment par la rénovation de la toiture, aujourd’hui vétuste, et le changement des centrales de traitement de l’air. Ce projet ambitieux permettra, à terme, d’allier la performance énergétique à la valorisation patrimoniale, tout en garantissant un meilleur confort de visite et des conditions optimales de conservation des œuvres.

En parallèle, ce chantier de plusieurs mois se double d’un certain nombre d‘interventions à l’intérieur du bâtiment afin d’améliorer la sécurité des œuvres, la circulation du public et d’offrir un nouveau parcours de visite.

Un musée en métamorphose(s)

Cette période de mue s’inscrit dans une certaine continuité car, en effet, le musée a connu au cours de sa longue histoire plusieurs phases de travaux qui ont profondément modifié son aspect d’origine.

C’est en 1865 que le conseil municipal prend la décision de bâtir un bâtiment près de l’hôtel de ville, place Saint-Corentin, afin d’accueillir le legs de Jean-Marie de Silguy (1785 – 1864) et de répondre aux clauses de son testament.

Un concours d’architecte est lancé le 19 janvier 1867. Il est remporté par Joseph Bigot (1807 – 1894) alors architecte départemental de renom. Le 28 juillet 1868, le conseil impérial des bâtiments civils rend un avis favorable sur le projet architectural quimpérois. Le 12 novembre 1868, l’empereur Napoléon III signe un décret déclarant le projet d’utilité publique. L’adjudication des travaux est lancée le 25 janvier 1869, le coût s’élève à près de 215 000 francs-or.

Voir l'image en grand Projet de musée, 1867, photo de plan © musée des Beaux-Arts

Le musée, construit avec une façade principale de 22 mètres, est prolongé par une galerie de 49 mètres de long sur 8 mètres de large. Mais la guerre de 1870-1871 va retarder la livraison du bâtiment qui est transformé en casernement puis en hôpital militaire. Le 15 août 1872 le musée quimpérois ouvre enfin ses portes au public.

Ce musée reste dans son état d’origine jusqu’à une première campagne de rénovation opérée cent ans plus tard, dans les années 1970. Elle est suivie en 1985-1993 d’une profonde restructuration du bâtiment réalisée sous la conduite de l’architecte Jean-Paul Philippon qui a également œuvré au musée d’Orsay et plus tard au musée André Diligent - La Piscine de Roubaix.

Ces importantes campagnes de travaux ont renouvelé considérablement la présentation des collections et contribué à hisser le musée quimpérois au rang des plus beaux musées de France.

Cette exposition s’intéresse exclusivement à l’évolution du bâtiment et à celle de la présentation des œuvres. L’histoire des collections - intimement liée aux personnalités (donateurs, collectionneurs, élus, conservateurs) qui ont contribué à sa formation et à son évolution n’est pas abordée ici.

Chronologie

1794 : Le peintre François Valentin (1738 – 1805) tente vainement de créer à Quimper un « Muséum » qui regrouperait les saisies révolutionnaires. Ce Muséum, décrit avec circonspection par Jacques Cambry dans son Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère (Quimper, Imprimerie d’Y.J.L. Derrien, an III), demanderait, selon l’auteur, à être étoffé d’œuvres exemplaires. À cette époque les musées restent rares en France : un premier musée a été créé en 1694 à Besançon ; un siècle plus tard, en 1793, le Muséum central des Arts à Paris (le Louvre actuel) ouvre ses portes au public.

1801 : À la demande du Premier Consul Napoléon Bonaparte, le ministre de l'Intérieur Jean-Antoine Chaptal publie un arrêté le 13 fructidor an IX (31 août 1801) en vue d'instituer quinze musées dans autant de villes françaises, dont Nantes et Rennes pour l’ouest de l’Hexagone. Quimper ne fait pas partie des villes retenues.

1846 : Quelques collections, embryon du musée départemental breton, sont réunies dans une salle du lycée de Quimper.

1851 : Jean-Marie de Silguy (1785-1864), ingénieur des Ponts et Chaussées, ancien conseiller général du Finistère et futur conseiller municipal à Quimper rédige en 1851 un courrier dans lequel il fait état de son souhait de léguer à la Ville l’ensemble de ses collections d’œuvres d’art. Ce legs sera consenti à la condition que la municipalité construise un édifice pour sa présentation au public. Il préconise d’installer le musée à l’emplacement du jardin, derrière la mairie, donnant sur la rue Verdelet.

1862 : Le Conseil général du Finistère décide de créer dans les bâtiments de l’abbaye de Kerlot, venelle de Kergoz, un musée historique et archéologique à partir des collections de la Société Archéologique du Finistère. La fusion entre les deux institutions est évoquée.

1864 : Le legs de Jean-Marie de Silguy, tout juste disparu, est accepté par la Ville de Quimper qui part en quête d’un terrain pour construire le nouveau musée conformément aux dernières volontés du donateur. Après le rejet d’une construction près de l’Odet ou près de l’abbaye de Kerlot, le choix se porte sur des petites parcelles place Saint-Corentin. Le bâtiment disposant alors d’une superficie de 800 m² présente une façade de 22 mètres de long dans le prolongement de la façade et un bâtiment traversant de 67 mètres de profondeur jusqu’à la rue Verdelet. Un accord est scellé avec le Conseil général pour un partage des locaux entre le musée archéologique et le musée des Beaux-Arts.

1867 : Le programme établi par la Commission du musée et l’architecte de la ville propose la création en façade d’un bâtiment d’honneur comprenant deux salles dédiées au musée archéologique tandis que l’« étage abritera un grand salon d’honneur et deux salles pour le musée des Beaux-Arts ». Un second bâtiment perpendiculaire au premier, de 50 mètres de long sur 8 de large, comprend à l’étage les salles dédiées aux peintures. Donnant sur la rue Verdelet, il abrite au rez-de-chaussée le bureau du conservateur, celui de l’officier d’état civil et une salle polyvalente.

Un concours est lancé. Seize architectes, dont la plupart exercent dans les villes de l’Ouest (Rennes, Nantes, Brest, Redon, Quimper, etc.) proposent des projets. Quatre sortent du lot et font l’objet d’une analyse soignée par la commission municipale. Finalement celui de Joseph Bigot (1807 – 1894) est retenu essentiellement sur la base de sa proposition de façade dans la continuité de celle de la mairie. L’architecte finistérien, architecte départemental depuis 1835 et diocésain depuis 1837, est l’un des plus renommés de la région. Il a achevé en 1856 l’érection des deux tours de la cathédrale de Quimper. Ce choix ne doit donc rien au hasard, il est une garantie pour la municipalité.

Façade du musée, 1872 – 1875 © musée des Beaux-Arts

1868-1872 : Après des expropriations et des démolitions des constructions existantes, le chantier démarre en 1869 sur un programme qui a été revu. Ralenti par la Guerre franco-prussienne, le chantier prend du retard mais les collections sont finalement installées à compter de fin 1871 avec l’aide du décorateur-encadreur-restaurateur Foulquier. Joseph Bigot confie au sculpteur nantais Amédée-René Ménard la création du fronton de la façade d’après ses propres dessins et un programme iconographique précis. Le praticien Lebrun (de Lorient) est chargé de son exécution. Le musée ouvre ses portes aux premiers visiteurs le 15 août 1872. À l’exception de Rennes, Quimper est la première ville de Bretagne à construire un musée avant Brest (1875), Lorient (1879), Saint-Brieuc (1880), Vannes (1885) et Morlaix (1886).

1874-1907 : Le musée s’enrichit considérablement grâce à de nombreux dons et dépôts de l’État. Les espaces d’exposition sont rapidement saturés. Les peintures à sujets bretons, souvent de grands formats, et des sculptures s’imposent dans les salles souvent au détriment des œuvres de la collection initiale qui partent vers des dépôts et des administrations diverses. L’École de Pont-Aven est alors totalement ignorée. En 1883 le musée départemental créé une « noce bretonne », constituée de mannequins en costumes. Elle rejoint en 1896 la cour du musée désormais vitrée. En contrepartie deux salles de droite au rez-de-chaussée sont affectées à la sculpture. En 1907 les fenêtres du salon d’honneur de l’étage, donnant au sud, sont fermées. Le plafond est équipé d’une toiture zénithale pour un éclairage plus adapté à la présentation des peintures. Après la loi de séparation de l’Église et de l’État, l’ancien évêché devient propriété départementale et est affectée au musée breton dont les collections quittent peu à peu le musée des Beaux-Arts de 1911 à 1949.

1909-1911 : Un bâtiment est construit côté rue Verdelet sur l’emplacement du jardin de la mairie. Il permet une extension des salles du premier étage côté rue Verdelet mais surtout il offre de nouveaux espaces à l’état-civil et à la Justice de Paix. Une façade monumentale est créée rue Verdelet pour marquer l’entrée de ces services, elle intègre la façade du musée.

1949-1950 : Une nouvelle campagne de travaux est lancée : les fenêtres du grand salon donnant sur la place Saint Corentin sont rouvertes afin d’offrir une vue sur la cathédrale. Parmi les nouveautés : une salle est consacrée à l’École de Pont-Aven, une autre à Max Jacob.

1972-1976 : Un important programme de rénovation et d’extension partielle est engagé : réfection intérieure avec la mise en place d’une nouvelle climatisation et de nouveaux projecteurs, remplacement des planchers par du travertin, création de réserves au rez-de-chaussée, suppression des verrières et remplacement par une toiture en bac acier multicouches, retrait de certaines cloisons pour agrandir les espaces, création d’un logement de concierge, extension au-dessus de la courette de la mairie, création de bureaux pour la conservation.

1985-1993 : Suite à l’achat en 1985 d’un entrepôt et d’une maison aux abords du musée (pour une surface totale de 400 m²), un concours est lancé en 1990 pour la réalisation d’un important chantier d’extension et de rénovation de l’établissement. Jean-Paul Philippon, qui a œuvré au musée d’Orsay lors de la transformation de la gare en musée, remporte le concours. Le défi consiste à relier de manière harmonieuse le bâti ancien à la nouvelle construction qui se démarque notamment par un bâtiment traversant qui relie la façade de la place Saint-Corentin à une verrière donnant sur la rue Verdelet.

Une salle entière est consacrée à la présentation du décor de l’Hôtel de l’Épée de Jean-Julien Lemordant (1905-1909). L’acier et le verre entrent en résonnance avec le granit et le bois omniprésents dans le bâtiment. La lumière du Nord pénètre largement dans l’espace. Le projet permet de déployer les collections sur un peu plus de 1500 m², soit 60 % de plus que le musée d’avant.

Années 2000 : Une partie des peintures d’inspiration bretonne de grands formats rejoint le premier étage du musée afin de libérer une des deux grandes salles du rez-de-chaussée pour les expositions temporaires d’ampleur. Cet aménagement, jusqu’ici ponctuel, devient pérenne.

2021 : La salle dite « Max Jacob » du rez-de-chaussée est transformée en espace consacré au xxe siècle. Les collections modernes migrent vers cet espace en libérant une salle à l’étage pour la présentation permanente du décor de l’hôtel Kermoor de Pierre de Belay.

Informations pratiques

Exposition visible en accès libre dans le Hall de l’Hôtel de Ville et d’Agglomération

- Du lundi au vendredi de 8h30 à 18h

- Le samedi de 9h à 12h

(hors 21 et 22 août – horaires estivales : https://www.quimper.bzh/actualite/46442/3-horaires-d-ete-des-accueils-publics.htm)

Pour les journées européennes du patrimoine (les 19, 20 et 21 septembre) : Ouverture le dimanche de 10h à 18h

Site internet du musée des Beaux-Arts : https://www.mbaq.fr