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Des gravures « inédites » de Jean Moulin, alias Romanin, exposées au musée des Beaux-Arts

Des gravures « inédites » de Jean Moulin, alias Romanin, exposées au musée des Beaux-Arts

Des gravures « inédites » de Jean Moulin, alias Romanin, exposées au musée des Beaux-Arts Musée des beaux-arts de Quimper
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Le 26/04/2023 • Mis à jour le 04/05/2023 | 15h25

De l'ombre à la lumière
Gravures « inédites » de Jean Moulin, alias Romanin

Exposition présentée au musée des Beaux-Arts de Quimper à compter du 2 mai dans le cadre de la commémoration de la 80e année de la disparition de Jean Moulin.

Commissariat scientifique
Florence Rionnet, conservatrice – directrice adjointe du musée des Beaux-Arts de Quimper, assistée d'Audrey Toudic, stagiaire en M2 Patrimoine et musées, Université de Bretagne Occidentale, pôle Pierre-Jakez Hélias de Quimper

Scénographie
La scénographie a été conçue par l'équipe du musée des Beaux-Arts de Quimper sous la direction de Sébastien Bouet, chef d'équipe, assisté de Nicolas Quilliec

Ce projet a été entièrement financé par l'Association des Amis du musée des Beaux-Arts de Quimper.

Le musée des Beaux-Arts de Quimper est l’un des deux musées en France - avec celui de Béziers - à conserver un fonds conséquent d’œuvres exécutées par Jean Moulin qui se fit connaître, en tant qu’artiste, sous le pseudonyme de « Romanin ». Ces deux ensembles proviennent du legs fait par sa sœur, Laure Moulin, en 1975.

C’est lors d’un travail de recherche pour la commémoration des 80 ans de la disparition de Jean Moulin, que le musée a mis en lumière neuf plaques de cuivre gravées de sa main parmi lesquelles figuraient des matrices inédites (c’est-à-dire non tirées sur papier).

Le musée ayant vocation à diffuser et à faire connaître les œuvres qu’il conserve, il a été décidé – de concert avec les ayant-droits de la famille Jean Moulin et la Bibliothèque nationale de France – de procéder au tirage de trois épreuves de chacune de ces matrices. L’opération a été confiée à l’artiste-graveur et peintre quimpérois Yves Doaré.

1943, l’année même où le héros de la Résistance mourait tragiquement, Yves Doaré voyait le jour.

92 ans après leur création (vers 1931-1932), dans le silence de l’atelier d’Yves Doaré, les cuivres de Romanin ont donc livré leurs secrets, à Quimper même, la ville où Moulin acquit les rudiments de cette pratique et où il grava ces neuf matrices.

La série a pour thème la parabole du Fils prodigue, inspirée de L’Évangile selon saint Luc (chapitre 15, versets 11-32). Jean Moulin, né à Béziers mais dont les racines familiales étaient provençales, la situe dans un décor typique de cette région. Il s’agit, selon toute vraisemblance, d’un projet d’illustration sans que l’on en connaisse réellement la destination : selon les ayants droits de Jean Moulin, il pourrait s’agir d’un projet pour illustrer un manuscrit inachevé d’Antonin Moulin, le père de Jean. Mais ce projet pourrait également être lié à l’illustration d’un ouvrage inspiré de la parabole biblique qui connaît, au tournant du siècle, une grande fortune : André Gide et Rainer Maria Rilke (1907 et 1909), Jos Vanden Berghe (1910), Jack London (1912), Hermann Hesse (1919), Marcel Thiry (1927) s’en sont inspirés dans leurs écrits. Un ballet de George Balanchine sur une musique de Sergueï Prokofiev a été créé sur ce sujet par les Ballets Russes de Serge de Diaghilev à Paris le 21 mai 1929.

Des matrices inédites : de l’ombre à la lumière

Une redécouverte exceptionnelle

En 1975, Laure Moulin a légué un fonds conséquent d’œuvres et de documents de son frère au musée des Beaux-Arts de Quimper. Le choix s’est porté sur des œuvres qu’il a réalisées lors de son passage en Finistère, en qualité de sous-préfet de Châteaulin (entre 1930 et 1933) ; ainsi que sur quelques œuvres de ses amis quimpérois lui ayant appartenues.

L’ensemble, mis au jour début 2023, relève de ce fonds. Celui-ci comprend, aux côtés des documents et manuscrits, des matrices en cuivre et zinc dont le musée conserve des tirages sur papier. Parmi ces matrices, neuf d’entre elles n’ont jamais été exposées, ni exploitées, car aucun tirage ne permettait d’en connaître l’iconographie.

Ces plaques de cuivre relèvent d’un même ensemble autour de la thématique de La parabole du Fils prodigue. Après enquête auprès des collections du musée de Béziers et des ayant droits de Jean Moulin, il apparaît que certaines de ces plaques, correspondant à des états différents et/ou à des créations inachevées, sont inédites.

Par le choix d’un sujet aux connotations familiales, empreint de tendresse filiale, par certains traits des personnages, par le positionnement des scènes en Provence, ces images revêtent sans nul doute un caractère autobiographique. Cette lecture ne fait que renforcer l’émotion qu’elles suscitent en connaissant le destin tragique de Jean Moulin dans la décennie qui suivra.

À la solitude du fils vagabond, au regard perdu, répondent l’accolade paternelle et le geste consolateur de la mère. Le cycle comprend aussi le banquet du veau gras qui n’est pas sans évoquer certaines scènes burlesques qui firent le succès du jeune Romanin.

La taille modeste des cuivres – plus petites que les zincs d’Armor – le trait fin, parfois à peine esquissé – beaucoup moins affirmé et dense que les dernières matrices - et la place laissée à la réserve plaident en faveur d’une datation aux alentours de 1931-1932. Cette période correspondrait aux premiers essais de Jean Moulin dans le domaine de la gravure.

Aucune trace de ce travail ne figure dans la correspondance de Jean Moulin. En revanche, après son départ du Finistère, il va collaborer avec son père pour illustrer un manuscrit que ce dernier avait rédigé sur l’histoire de Saint-Andiol où vivait la famille Moulin. Il en fait mention régulièrement dans ses lettres. Plusieurs xylographies (procédé plus facile à mettre en œuvre que les eaux-fortes) en sont issues. Elles sont aujourd’hui conservées au musée de Béziers.

Jean Moulin / Yves Doaré en miroir

- Cuivres gravés par Jean Moulin à Quimper en 1931-1932
- Tirages sur papier effectués sur la presse d’Yves Doaré durant l’hiver 2023

Le tirage des neuf plaques inédites a été rendu possible grâce à l’accord des ayant-droits de Jean Moulin et en accord avec la Bibliothèque nationale de France.

Le tirage a été effectué dans l’atelier d’Yves Doaré selon un procédé validé par Marine Letouzey, restauratrice d’arts graphiques, en lien avec la Chalcographie du Louvre.

Chacune des 9 planches a donné lieu au tirage de trois épreuves sur un papier sur un papier proche de celui utilisé dans les années 30 par Jean Moulin. Un exemplaire est destiné au musée des Beaux-Arts de Quimper, un autre reviendra aux ayant-droits de l’artiste, le dernier sera remis au dépôt légal de la Bibliothèque nationale de France.

La réalisation des tirages a été confiée à l’artiste peintre et graveur quimpérois Yves Doaré, dont de nombreuses œuvres font partie des collections du musée des Beaux-Arts.

Un dialogue entre les œuvres de Moulin et de Doaré a été imaginé à travers une sélection de quelques-unes de leurs œuvres conservées en réserves d’arts graphiques.

Repères biographiques de Jean Moulin (1899-1943)

Jean Moulin naît le 20 juin 1899 à Béziers. Dès l’âge de 5 ans, il présente des aptitudes à la pratique du dessin notamment par son acuité à observer les personnes et les situations qui l’entourent.

À partir de 1915, ses dessins, essentiellement caricaturaux, sont publiés dans plusieurs titres de la presse satyrique. Ce n’est qu’à partir de 1922 qu’il les signe « Romanin » car il entame, cette année-là, une carrière administrative. Il est en effet nommé chef de cabinet du préfet de Savoie et s’installe à Chambéry, avant d’être nommé sous-préfet d’Albertville en 1925. Durant ces années savoyardes, il côtoie le milieu artistique local et rencontre le peintre Jean Saint-Paul. Grâce à celui-ci, il crée des liens avec des artistes comme Maurice Asselin, Othon Friesz, Suzanne Valadon.

Il se rend fréquemment à Paris pour des raisons professionnelles au début des années 1930, il séjourne alors dans le quartier Montparnasse. Il fréquente les galeries et les artistes du quartier, même s’il est aussi inspiré par Montmartre et Pigalle dans ses dessins.

Nommé sous-préfet de Châteaulin en 1930, il vient très régulièrement à Quimper où il rencontre de nombreux artistes et hommes de lettres avec lesquels il se lie d’amitié : Max Jacob, le poète Saint-Pol Roux, le Dr Tuset ou encore Lionel Floch qui l’initie à la gravure. La Bretagne est ainsi une étape capitale dans son parcours artistique car il y découvre et appréhende de nouvelles techniques. Il s’initie notamment à la gravure et au travail de la faïence.

Durant son séjour breton, il découvre les poèmes de Tristan Corbière, poète oublié, mentionné par Verlaine dans « Les poètes maudits », et redécouvert par Saint-Pol Roux dans les années 1910. Jean Moulin est notamment marqué par la force et la puissance des poèmes du recueil Armor, qu’il va décider d’illustrer. Il travaille plusieurs années sur ces gravures et en 1935, une nouvelle édition d’Armor est enrichie de ses huit eaux-fortes.

Par la suite, ses activités professionnelles ne lui laissent plus autant de temps pour exprimer sa passion pour l’art, même s’il a toujours avec lui des carnets à dessins dans lesquelles il aime croquer des personnages. Il ne pratique plus que le dessin, dont la mise en œuvre est plus simple.

Nommé préfet d’Eure-et-Loir en janvier 1939, il est en poste à Chartres lorsque la guerre éclate le 3 septembre. Durant les premiers bombardements de la ville en juin 1940, Jean Moulin livre « son premier combat » en prenant soin de ses administrés, en allant à leur rencontre et en leur distribuant de la nourriture qu’il a stockée. Résistant de la première heure, il est très investi dans l’organisation de la Résistance sur le territoire. Arrêté le 21 juin 1943, il meurt dans des circonstances dramatiques le 8 juillet.

Repères biographiques d’Yves Doaré

Yves Doaré, né en 1943 à La Roche-Bernard, a passé son enfance et son adolescence à Quimper.

Au terme de ses études de biochimie à Lyon, il s’est initié à la gravure auprès de Jean Delpech aux cours du soir de la Ville de Paris (1970-1972). Avec le soutien d’Albert Decaris (1901-1988), ancien Prix de Rome, membre de l’Institut, il intègre à Madrid la Casa de Velásquez (1976-1978).

De retour en France, il travaille avec la galerie Broutta. Il y fréquente d’autres jeunes graveurs comme Philippe Molhitz, Georges Rubel, Didier Mazuru, Etienne Lodého et François Houtin. Tous ces artistes ont été rattachés au mouvement des « Visionnaires » dont Michel Random, critique d’art et essayiste, se fit le héraut. À partir de 1990, Yves Doaré mène un travail solitaire, ponctué par des expositions, notamment au musée des Beaux-Arts de Quimper et de Villeneuve-sur-Lot (2005), au musée de Soissons (2011) le musée de L’Hospice Saint-Roch d’Issoudun (2011) et au musée du Dessin et de l’Estampe originale de Gravelines (2019).

Le travail de l’artiste s’insère dans une chronologie assez précise. De 1970 à 1990, Yves Doaré a exclusivement pratiqué la gravure sur cuivre, puis il s’en est progressivement détaché au profit du bois. Enfin, depuis maintenant plus de vingt ans, il a cédé à l’appel de la peinture.

Présentation de la technique de l’eau-forte

Il existe trois grandes catégories de gravure.

Taille d’épargne
La première est la taille d’épargne : elle consiste à retirer de la matière et à encrer les parties saillantes pour les imprimer. On parle de xylographie pour les plaques de bois et de linogravure pour le linoleum, les deux matériaux les plus utilisés pour ce type de gravure. Les caractères d’imprimerie font aussi partie de cette famille de gravure.

Taille douce
La deuxième méthode est la taille douce : une plaque de métal est incisée, les parties en creux reçoivent l’encre et le report de l’encre sur la feuille permet l’impression.
On peut réaliser une taille directe, avec un outil, on distingue 3 façons de travailler : le burin, la pointe sèche et la manière noire.
On peut aussi procéder à une taille indirecte : la plaque est alors recouverte d’un vernis sur lequel l’artiste grave son dessin. La plaque est ensuite baignée dans un acide qui creuse les sillons précédemment gravés. Il existe trois techniques de taille indirecte : l’aquatinte, le vernis mou et l’eau-forte. C’est cette dernière méthode que Jean Moulin a utilisée et qui est présentée.

Estampage à plat ou lithographie
Enfin, dans le cas de l’estampage à plat ou de la lithographie, l’artiste dessine avec un crayon ou une encre lithographique sur une pierre calcaire. Il appose du talc puis de l’acide sur la pierre pour fixer le dessin dans la pierre. La pierre est ensuite humidifiée puis encrée. La lithographie fonctionne sur le principe de la répulsion eau/huile : l’encre est grasse, elle ne reste donc que sur les parties grasses dessinées et pas sur les parties humides non dessinées. On place alors une feuille de papier sur la pierre et le tout passe sous presse.

L’impression d’une eau-forte se fait en plusieurs étapes :

  • Humidification de la feuille de papier afin que l’encre adhère bien, cette feuille est ensuite placée entre deux plaques de plexiglas.
  • Dégraissage de la plaque au blanc de Meudon puis rinçage à l’eau et au vinaigre salé
  • Encrage de la matrice avec une encre grasse, sur une grande plaque légèrement chauffée afin que l’encre pénètre mieux dans les sillons, creusés par la morsure de l’acide sur le vernis. [Yves Doaré utilise l’encre la plus noire possible pour compenser le travail fin de la gravure de Jean Moulin.]
  • Essuyage de la plaque avec un chiffon de tarlatane puis avec un papier de soie et avec la paume de la main, très légèrement talquée au préalable pour absorber l’humidité de la peau, mais en prenant soin de ne pas déposer de talc sur la plaque sous peine de la tâcher.
  • Essuyage de la feuille de papier avec un chiffon de coton pour retirer l’excédent d’eau, l’imprimeur vérifie à la lumière qu’il n’y a aucune auréole d’eau.
  • La plaque est disposée sur la plaque de plexiglas située entre les deux rouleaux de la presse, en la positionnant sur les limites du gabarit se trouvant sous le plexiglas. La feuille est centrée sur la matrice de cuivre.
  • Les langes (feutres de laine) sont rabattus sur le plexiglas et la presse est actionnée.
  • Le tirage est ensuite placé entre deux planches de bois, avec une serpente (fin papier de soie) au-dessus de l’eau-forte. Après quelques heures, le tirage est mis à sécher entre deux buvards, sous poids.
  • Entre chaque tirage, la plaque est nettoyée et l’opération est renouvelée de manière similaire.

Autour de l’exposition

→ RENCONTRE-PROJECTION

Daniel Ablin, réalisateur du film-documentaire « Romanin, l’autre Jean Moulin », sera présent à Quimper pour échanger avec le public suite à la projection.

Dans la mémoire du plus grand nombre, Jean Moulin incarne le héros par excellence. Mais peu le savent, derrière l’unificateur de la Résistance, se cachait une âme d’artiste. Sous le pseudonyme « Romanin », Jean Moulin peint, dessine, caricature, excelle dans l’art de la gravure et ouvre sa galerie pendant la guerre. Il croque le théâtre politique qui l’entoure d’un crayon affûté, observe la vie mondaine des années folles d’un œil amusé, et dévoile dans ses eaux fortes une part plus sombre de son être. Comment cette facette de Jean Moulin a pu échapper au plus grand nombre ?

A travers l’exploration inédite de ses carnets à dessins et correspondances artistiques, ce film de 52 min offre un nouveau regard sur une personnalité hors du commun. Un Jean Moulin intime nous est révélé.

Durée : 52 min
Réalisateur : Daniel Ablin
Coproduction Complices Films – Arte France 2022

Samedi 6 mai de 14h à 16h
Auditorium de la médiathèque Alain-Gérard
85 places

Sur réservation sur www.mbaq.fr

→ MANIFESTATION NATIONALE

Nuit des musées
Samedi 13 mai de 20h à minuit
Accès libre
Visites flash

→ VISITES GUIDEES (sous réserve)

Dimanche 11 et 25 juin à 15h
Samedi 17 juin à 15h (en langue bretonne)

Durée 1h
6.50 €/3.50€
10 personnes
Sur réservation sur www.mbaq.fr

→ GROUPES SCOLAIRES

Des visites de l’accrochage peuvent être organisées ainsi que la projection du documentaire « Romanin, l’autre Jean Moulin » en salle audiovisuelle.
Sur réservation

Informations pratiques

→ Horaires d’ouverture

  • D’avril à juin, en septembre et en octobre : le musée est ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 9h30 à 12h et de 14h à 18h.
  • Juillet – Août : le musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h.
  • Du 1er novembre au 31 mars : le musée est ouvert tous les jours (sauf le mardi et le dimanche matin) de 9h30 à 12h et de 14h à 17h30.
  • Ouverture le 8 mai – Ascension – lundi de Pentecôte – 14 juillet – 15 août – 11 novembre.
  • Fermeture le 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 décembre

→ Tarifs

Visite libre en individuel

  • Plein tarif : 5 €
  • Tarif réduit : 3 € (Étudiants (12-26 ans), carte Cezam…)
  • Gratuit pour les moins de 12 ans, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap, étudiants en art, amis du musée, etc.

Visite guidée en individuel

  • Plein tarif : 6,50 €
  • Tarif réduit : 3,50 €

→ Accès au musée

  • Depuis la gare SNCF : une navette électrique circule dans le centre-ville et passe par la gare.
  • Gare routière (réseau de car Penn-Ar-Bed) et gare SNCF à 1 km
  • En voiture : parkings à proximité : La Tourbie, la Résistance, Théodore Le Hars, De Lattre de Tassigny. Stationnements réservés GIC/GIG aux personnes munies d’une carte de stationnement : place Saint-Corentin (4), rue Verdelet (2) et place Alexandre-Massé (1).
  • Stationnement vélo limitrophe sur la place Saint-Corentin