Cette semaine, au théâtre Max-Jacob, l’équipe du musée des beaux-arts et deux agents de la Ville ont déplacé La Fortune d’Elias Robert, une très imposante sculpture de bronze, de 300 kg environ, à l’aide d’un camion équipé d’un bras articulé.
Ce bronze d’Elias Robert (1821-1874) avait été exposée au Salon des Artistes Français de 1857 où il suscita des commentaires des critiques les plus en vue de l’époque comme Edmond About.
Il est ensuite offert au musée en 1896 par Madame Welesley, exposé dans les salles, avant d’être déplacé en 1904 dans les jardins du théâtre Max-Jacob fraîchement inauguré. Ce déplacement va susciter l’indignation de la donatrice qui, dans un courrier d’octobre 1904, s’insurge contre ce choix de la municipalité qui expose ainsi aux intempéries une œuvre à la patine fragile et qui ne tient pas compte de la donation faite pour une présentation dans le musée exclusivement. Son avis n’aurait pas été pris en considération et l’œuvre a donc rejoint les jardins du théâtre, devenant, comme l’indique la presse, une œuvre majeure du paysage quimpérois.
Premier mystère : durant l’Occupation, les bronzes entourant le théâtre ont été fondus lors de la campagne de récupération des métaux non ferreux ordonnée par le régime de Vichy. Pas elle. D’ailleurs on ne la voit pas sur les clichés de l’entre-deux Guerres que les Archives ont retrouvés. Où était-elle pendant ce second conflit ?
Après-guerre, elle resurgit sur le socle d’une statue fondue et y demeure jusqu’en janvier 1970. A cette date, le bronze est victime de vandales qui la brisent au niveau du pied qui la retenait au socle. Ceci ne semble pas surprenant car, à l’examen sur place, il s’agirait d’une fonte au sable qui présentait des fragilités au niveau de la jonction des abattis. Le poids devait être colossal sur le pied porteur, lequel était jonché sur une demi-roue et un socle sphérique qui devait donc déséquilibrer l’envol de La Fortune.
Le bronze est alors remisé aux ateliers municipaux, le socle et son pied sont stockés durant des années près des serres où ils ont disparu.
Nouveau mystère et quid des deux bras dont l’un est surmonté d’une corne d’abondance ? plus de trace… Avis de recherche !
Depuis plusieurs années l’œuvre était présentée dans le hall du théâtre, sur un socle qui la couchait telle une sirène alors qu’elle devrait s’élancer à la verticale telle une Fortune triomphante sur sa roue ! Sans bras et avec un pied manquant !
La Fortune est maintenant à l’abri au musée des beaux-arts de Quimper, en attendant sa restauration et son exposition, fragment d’une histoire rocambolesque !