En décembre 2019, la Ville se portait acquéreur de l'ensemble des cinq panneaux du décor du restaurant de l'hôtel Ker-Moor de Pierre De Belay, peint en 1923. Arrivés au musée à l'été 2020, les panneaux ont été restaurés sous les mains expertes de Gwenola Corbin.
Les décors de cet hôtel emblématique sont désormais exposés dans la salle des grands décors bretons.
Connu principalement des habitués de cette célèbre institution de Bénodet, ce magnifique ensemble de cinq grandes toiles est un des rares décors encore conservés d’un grand artiste d’origine quimpéroise, Pierre de Belay. Il s’agit incontestablement de l’un de ses chefs d’oeuvre, démontrant la verve et l’indépendance de son style alliant habilement rythme du dessin et forts aplats colorés.
Encouragé et guidé par Max Jacob, Pierre de Belay a côtoyé dès 1905 la plupart des grands créateurs des premières décennies du XXe siècle, de Picasso à Juan Gris pour la peinture ou de Guillaume Apollinaire à Pierre Mac Orlan dans le domaine littéraire.
Cette proximité n’a toutefois eu que peu d’incidence sur sa pratique artistique qui a toujours privilégié une forme de réalisme aux volumes simplifiés et aux larges aplats de couleurs pures.
Créateur précocement doué, Pierre de Belay doit cependant patienter plusieurs années avant de pouvoir donner toute la mesure de son art. En effet, les années du service militaire dès 1910, suivies de la Première Guerre Mondiale, puis différents drames familiaux détournent le peintre de ses pinceaux.
Il faut donc attendre le tout début des années 20 pour que son horizon s’éclaircisse avec cette monumentale création destinée à l’Hôtel Ker-Moor. En effet, ces cinq panneaux ont été commandés à l’artiste en 1923 par la famille Daniel, propriétaire de l’hôtel. Sans nul doute, Pierre de Belay s’est souvenu du modèle célèbre du décor de Jean-Julien Lemordant conçu pour les salles de l’hôtel de l’Epée de Quimper en 1905-1907.
Suivant la commande de l’hôtelier, Pierre de Belay s’attache ici à composer une forme de panorama grandiose dédié aux « scènes de la vie bretonne ». Se déployant sur plus de 25 m², les cinq panneaux, de formats différents (le plus grand mesure 4m de long), décrivent ainsi un pardon, des scènes de cabaret en plein air et enfin des scènes de danse. Ce cycle impressionnant alterne le sérieux et le recueillement à la joie de vivre et au sens de la fête. Toutes ces séquences, qu’elles se découvrent sur un rythme lent ou alerte, enchantent le regard par la richesse de la palette utilisée par le peintre.
Dès son achèvement, cet ensemble décoratif a été célébré comme une des plus remarquables créations conçues en Bretagne et reçut des éloges unanimes tant de la presse que des artistes fréquentant la Cornouaille, comme Lucien Simon.
Retour sur les phases de restauration
Le travail de restauration a été divisé en trois campagnes. Gwenola Corbin, restauratrice agréée de peinture, a pris en main un travail de longue haleine.
La première étape consistait à refixer les soulèvements de couche picturale susceptibles de tomber. Pour cela, on utilise une table aspirante que l’on place sous le tableau. On applique l’adhésif et on chauffe la surface, à travers un papier siliconé transparent, à l’aide d’une spatule. La chaleur assouplit la peinture et permet de remettre dans le plan les écailles pour un refixage général et homogène.
La toile est alors déposée de son châssis, dépoussiérée et tendue sur un bâti de travail extensible. Pour cela, les bords de clouage de la toile sont aplanis (à l’aide d’humidité et de chaleur) et des bandes de tension en toile polyester sont collées à chaud en périphérie.
Pierre de Belay (1890-1947)
Décor de la salle à manger de l’Hôtel Ker-Moor, Bénodet,
Commande de la famille Daniel, propriétaire de l’Hôtel Ker-Moor, en 1923 auprès de l’artiste.
Cinq toiles aux dimensions suivantes :