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Vive le végétal !

Vive le végétal !

Vive le végétal ! Article Mag "Vive le végétal"
Le 10/11/2021 • Mis à jour le 10/11/2021 | 18h04

Les arbres et les plantes rendent la ville plus belle. Mais ce sont aussi de précieux alliés pour limiter la hausse des températures et la pollution, ou pour abriter des animaux d'espèces variées. Des parcs publics aux jardins particuliers, des cours d'écoles aux bords de rivières, de nombreux espaces urbains peuvent accueillir le végétal. Les plantations sont aussi l'occasion de transmettre des savoirs et d'impliquer la population.

Bois, parcs, aires de jeux ou de sports, bords de voiries, abords de zones commerciales et de bâtiments publics, les espaces totalement ou partiellement végétalisés couvrent près de 400 hectares à Quimper, une belle surface liée à celle de la ville. Les 41 squares et jardins publics sont appréciés pour leur beauté. Les quatre fleurs du label Villes et villages fleuris en attestent.

Un festival de couleurs, parfois de senteurs, c'est toujours agréable pour les yeux. Un bel alignement de platanes comme celui de la route de Brest relève à la fois du paysage et du patrimoine.

Mais la verdure en milieu urbain est bien davantage qu'un décor et la qualité de vie liée au végétal dépasse la seule question esthétique.

« Végétaliser la ville constitue un levier face aux effets du dérèglement climatique », insiste Valérie Huet-Morinière, adjointe chargée du centre-ville, de la végétalisation et du patrimoine (voir interview). Les plantes captent et stockent le gaz carbonique, ce qui réduit l'effet de serre. Les arbres retiennent aussi les particules fines et contribuent à la dépollution. Les micro-organismes d'un sol naturel consomment eux aussi du CO2. En outre, contrairement au sol artificiel, la terre absorbe : sa présence limite le ruissellement des eaux et prévient les inondations.

Derrière le décor, la biodiversité

Et si la nouvelle Direction des paysages, de la végétalisation est aussi celle de la biodiversité, c'est pour souligner un autre rôle majeur des plantes et arbres en milieu urbain : favoriser le développement d'une faune et d'une flore variées, donc plus résistantes et bénéfiques à l'ensemble du milieu.

C'est pourquoi la végétalisation s'insinue partout et change de visage. Les parcs et jardins eux-mêmes évoluent vers une gestion au plus près de la nature. Plusieurs ont reçu de l'organisme de certification Écocert le label Eve (Espace végétal écologique) : la plaine du Moulin Vert et le vallon Saint-Laurent en 2011, le jardin du Prieuré de Locmaria en 2012 et en 2021, le jardin de la Retraite et le cimetière de Stang Vihan.

Label écologique pour jardins publics

Attribué aux jardins ou cimetières publics, le label Espace végétal écologique (Eve) proscrit tout usage de produits artificiels (pesticides ou engrais). Il implique aussi le recyclage des déchets végétaux, la rationalisation de la consommation d'eau et d'énergie pour l'entretien. Même le mobilier est concerné : le bois doit provenir de forêts gérées, le plastique est toléré s'il est recyclé.

La faune et la flore font l'objet d'inventaires réguliers et un plan de gestion permet de favoriser la biodiversité et d'éliminer les éventuelles espèces envahissantes.

Outre les quatre jardins quimpérois labellisés, le cimetière de Stang Vihan est le premier cimetière certifié Eve en Bretagne.

Verdir son regard sur la ville

Faire comprendre que la végétation urbaine est un élément actif de la régulation du climat ou de la préservation des espèces passe notamment par l'éducation. Et quoi de plus évident qu'une cour d'école pour transmettre le message ?

C'est à Kerjestin que la reconquête a commencé : la cour a donc été débitumée et les plantations ont été intégrées à la pédagogie. Le choix des arbres, l'organisation des espaces plantés, la création d'un potager ont été pensés en commun avec les élèves et équipes enseignantes, aidés par le CAUE (Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement) du Finistère, et l'animatrice de la Ville. Nichoirs pour les oiseaux et station météo s'ajoutent à cet espace de travaux pratiques grandeur nature.

« Le programme de végétalisation des cours de récréation se poursuivra à Frédéric Le Guyader, précise Valérie Huet-Morinière, et l'objectif est d'impliquer une ou deux écoles par an, toujours en co-construction . »

Avant l'âge de l'école, les nouveau-nés seront associés à la plantation d’arbres de naissance. Pour annoncer cette opération annuelle, les enfants nés ou adoptés en 2021 seront invités dès le printemps à la plantation d’agrumes au Conservatoire (voir pages Actions).

Même un bord de rivière est un espace végétal en puissance : la ripisylve (arbres et plantes de la rive) abrite faune et flore aquatiques et contribue à consolider les berges, comme l'expliquent les panneaux le long du circuit qui longe le Steir.

Paysage à dévorer

Habitants ou riverains constitués en association peuvent aussi s'emparer de la verdure en participant à « Jardinons la ville ». Il ne s'agit plus seulement de fleurs mais aussi de légumes dans les espaces publics !

C'est ce que fait l'association Kempermaculture dans le quartier du Braden, en partenariat avec la MPT d'Ergué-Armel et l'école Edmond-Michelet. Mais toute personne qui souhaite transformer un parterre public en mini-potager commun peut s'adresser à la Direction des paysages, de la végétalisation et de la biodiversité.

Pour faire évoluer les pratiques de jardinage, la Ville a proposé aux membres des associations de Jardins partagés une formation permaculture fin septembre et on peut suivre au jardin du Prieuré l'évolution d'une plantation en lasagne, principe de base de ce mode de culture au plus près de la nature.

La plantation comestible, c'est aussi l'idée de Communes à croquer, qui appelle tous les maires de France à planter des fruitiers dans leur commune. Quimper a cette année répondu à l’appel en recensant les arbres à fruits plantés dans l’espace public : myrtilliers, pommiers, poiriers, pruniers…. A vous de les repérer et d’en partager les fruits ! Ainsi tout le monde peut en récolter les fruits et apprécier la dimension gourmande de la végétalisation urbaine.

Le cycle de l’arbre

L'arbre en ville est contraint, entre la sécurité des passants et la circulation routière. Le cycle de vie d'un arbre urbain est donc plus court qu'en milieu forestier ou rural et il est normal de renouveler les populations quand elles se fragilisent. Ainsi, des marronniers des quais de l'Odet, attaqués par une bactérie (un chancre) ont dû être abattus boulevard de Kerguelen. Le mal est contagieux et touche aussi les jeunes arbres. Cependant, la réflexion est en cours pour poursuivre la végétalisation des quais.

Trois questions à Valérie Huet Morinière, adjointe chargée du centre-ville, de la végétalisation et du patrimoine

Les enjeux de la végétalisation en ville vont bien au-delà du seul aspect esthétique, quels sont-ils ?

Tout espace urbain s’accompagne d’une artificialisation des sols dont il convient aujourd’hui de diminuer les effets. La nouvelle équipe municipale s’est engagée à végétaliser les lieux publics, les places, les cours d’école et ainsi lutter contre les îlots de chaleur, améliorer le cycle de l’eau, limiter la pollution de l’air et renforcer la biodiversité.

Le végétal revêt aussi une dimension patrimoniale ?

Dans mes délégations d’adjointe, patrimoine historique et patrimoine végétal sont naturellement liés. Dans le contexte actuel, il est urgent de partager des clés de compréhension, de connaissances, et d’en échanger comme lors du festival Le temps de l’arbre ou des visites à deux voix (guide-conférencier et spécialiste de la Direction des paysages) organisées par la Maison du patrimoine.

Quelles sont les priorités de l’équipe municipale en la matière ?

Nous avons lancé un vaste chantier de végétalisation des cours d’écoles gérées par la Ville soit dix hectares de surfaces en grande partie bitumées et imperméables.

Nos actions en faveur de l’accès à la nature à Quimper se déploient également grâce au dispositif Jardinons la ville par la mise à disposition de parcelles confiées à des habitants et la création de nouveaux jardins partagés ou familiaux comme à Lineostic.