Cela peut sembler utopique : concurrencer Nike et Adidas en créant des chaussures de basket 100 % françaises. Louis-Florent Beng, 33 ans, n’a rien d’un rêveur. Avec 24 Secondes, le Quimpérois est en passe de réussir son pari.
Le basket remonte à des séances de découverte d’Atout Sport, j’accroche aussitôt ! Je prends une licence à l’Ujap en catégorie poussin. À dix-sept ans je m’étoffe et me retrouve surclassé en équipe fanion, avec une formidable aventure en pro B. À vingt-deux ans, priorité aux études de commerce. Après l’Isuga, cap sur Hong-Kong et en 2011 me revoici à Quimper. Je monte alors une entreprise de meubles. Mais revenir dans le monde du basket me démange ! Une boutade d’un entraîneur de l’Ujap suffi t à déclencher le projet 24 Secondes, le temps qu’a une équipe pour tirer.
Entreprendre en France, c’est compliqué… mais faisable ! Ce qui est local me tient à coeur, on a le savoir-faire, encore faut-il donner envie ! Bien sûr, cela nécessite de la technicité et des investissements. Le coût de revient est quatre fois plus élevé qu’en Asie du Sud-Est. Je travaille avec Xavier Pérennou, designer quimpérois. Il a su séduire par une chaussure épurée, légère et durable, et une entreprise de Romans-sur-Isère se charge de la produire. Tout est fait dans l’Hexagone.
J’avais envie de fédérer une communauté. J’ai choisi un financement collaboratif via Internet. En deux mois, 400 paires étaient prévendues. Cela a rassuré les banques et les institutionnels, et créé le buzz. En fait, on réussit à être proche des gens, en les sollicitant, en tenant compte de leur avis jusque dans la réalisation de la boîte à chaussures ! Et en étant transparent sur notre fonctionnement. Ainsi le produit leur parle, tout simplement.
C’est à Quimper que je suis heureux, proche de ma famille et de celle de ma femme, de mes amis. Ici, on a bien plus de facilité à attirer les talents qu’à Paris, où les start-up sont légion. Nous sommes désormais cinq associés. Ici, on peut monter de beaux projets et avoir de vraies responsabilités. Sans compter les coûts maîtrisés, la qualité de l’environnement, le rythme de vie… et puis l’Ujap, bien sûr, je suis depuis peu dans le comité de direction.
Elles s’appellent Eurostep : il y a les baskets montantes et les chaussures de sport basses, déclinées en quatre couleurs, du 36 au 50. Leur prix : 115 € et 130 €. Elles sont en microfibre, avec une tige en mèche. Beaucoup de confort et de maintien ! En complément, on développe aussi une ligne textile, la collection Laid Back : t-shirts, sweats, pantalons et shorts… dans des coupes adaptées aux basketteurs bien sûr.
Nous avons d’excellents ambassadeurs… à commencer par Mathieu Tensorer et Fabien Hérard, joueurs à l'Ujap. Mais aussi Isabelle Strunc, professionnelle de ligue 1 qui joue à Nice. La presse internationale spécialisée parle de nous, l’équipe de France s’y intéresse… Les retours via les réseaux sociaux font le reste ! La dynamique qui s’est créée au niveau local prend de l’ampleur. Et comme on compte 2 millions de pratiquants de basket en France…
Assurément ! Nous avons désormais un entrepôt, d’où nous faisons partir les commandes. Tout est vendu en ligne, sur Internet. Nous sommes confiants, nous espérons créer d’autres emplois, et de nouveaux modèles sont à l’étude.
*Atout sport est la formule de découverte d’activités sportives et culturelles de Quimper Communauté.
* Ujap : l’Union Jeanne d'Arc phalange est un club de basket-ball quimpérois.
* Isuga : formation supérieure « Commerce International Asie ».
Tél. 06 49 47 64 90, www.24secondes.fr