La technocratie parisienne méprise décidément les territoires.
J’en veux pour preuve l’agression dont sont victimes les tribunaux de commerce auxquels le Ministre de l’Économie veut appliquer sa logique de représentant de l’élite formatée qui peuple nos administrations nationales et nos ministères.
Si l’on appliquait la réforme voulue par Emmanuel Macron, cela aurait pour conséquence de réserver le traitement de la situation des entreprises en difficulté de plus de 150 salariés à des tribunaux « spécialisés » au nombre de 8 pour tout le territoire national. Les dossiers quimpérois seraient ainsi attribués à un tribunal situé à …Paris. Les juges du tribunal de commerce de Quimper, qui ont traité avec l’efficacité qu’on leur reconnaît aujourd’hui le très délicat dossier DOUX, voici 5 ans, apprécieront.
Nul besoin d’être un expert de l’aménagement du territoire pour être effaré par le ridicule de cette situation, engendrant des coûts supplémentaires, sans omettre le danger qui pèserait sur des entreprises déjà en difficulté, livrées à des « experts » totalement déconnectés de réalités locales. La force – devrais-je dire la raison d’être ?- d’un tribunal de commerce, et celui de Quimper en est un remarquable exemple, c’est évidemment sa connaissance fine du tissu local qui lui permet de prendre des décisions en pleine connaissance des effets – humains et matériels – d’un jugement. C’est aussi l’implication des juges – bénévoles, il convient de le souligner – sur leur territoire, ce qui les incite à privilégier autant que possible la voie de la prévention, dans la plus grande discrétion.
On peut enfin imaginer sans peine ce qui nous attend si devait être mis en œuvre ce projet : à moyen terme, la question de l’existence même de certains tribunaux, à l’activité forcément allégée, serait posée. Dans le Finistère, on peut alors redouter le couperet qui règlerait le sort du tribunal de commerce de Quimper, tant la force d’attraction de la métropole brestoise s’exerce à plein régime avec le soutien de l’État.
Alors, non, mille fois non à cette mesure dangereuse pour ceux qui contribuent aussi à la vitalité de notre territoire. Ensemble, commerçants, chefs d’entreprises de l’industrie et des services, représentants des entreprises et des salariés, élus, retroussons-nous les manches pour préserver le tribunal de commerce de Quimper.
Ludovic Jolivet, maire de Quimper