Tout au bout du Corniguel, sur le port, se dressent les deux bâtiments du chantier de construction navale Ufast. Sa dirigeante, Virginie Monnier-Fleury, va de l’un à l’autre avec un franc sourire et une détermination sans faille. Rapide, comme les vedettes qu’elle construit. Mais aussi attentive aux autres. Avec 37 salariés et de belles commandes, l’horizon est dégagé.
Quimper, c’était les jours de pluie, l’été, pour les boutiques ! Ma mère est de la famille de la conserverie Chancerelle : on passait nos vacances à Douarnenez. À tirer des bords et à faire de la planche avec les cousins. Aujourd’hui encore, dès que je peux, je suis sur l’eau.
Jusque-là, j’avais une entreprise de pièces détachées à Lorient. Cette opportunité au Corniguel me permettait de ne pas partir de rien et… d’avoir presque tout à réinventer. J’ai pu reprendre six salariés et racheter les moules du Rorcal 90, fameux ligneur du raz de Sein en polyester. Ensuite on a remporté des appels d’offres de la Marine, monté un chantier alu et depuis, les contrats s’enchaînent.
Des vedettes et patrouilleurs de surveillance, essentiellement destinés à l’action de l’État en mer : marine militaire, garde-côtes, gendarmerie, douane, sécurité civile, etc. De toutes tailles : de 4,50 mètres, livrés en quinze jours, à 33 mètres, en quinze mois. Nos atouts : l’écoute du client, la confiance, le sur-mesure. Les six personnes du bureau d’études démarrent parfois avec une page blanche : passionnant ! On fabrique les coques, tout est assemblé sur place, y compris les détails des salles de bain, et en privilégiant les fournisseurs locaux. Nous formons nos clients à la navigation, nos techniciens restent parfois trois semaines sur une embarcation. Notre partenaire commercial sur l’Afrique est Raidco Marine, basé à Lorient.
Nous avons 6 000 m² d’ateliers, sur un terrain loué à Quimper Communauté et à la CCI. Pour mettre les bateaux à l’eau, l’Odet est bien pratique ! Oui, la demande est forte, en Afrique en particulier, les contrôles en mer se multiplient : émigration clandestine, piraterie, pêche, etc. Nous avons par exemple trente navires à livrer à la Côte-d’Ivoire, d’autres au Togo… On reçoit ici beaucoup de personnalités africaines ; elles aiment la Bretagne, elles le disent souvent. Parmi nos prochains objectifs : des bateaux atteignant les 55 nœuds.
C’est un travail d’équipe, avec du personnel très compétent et polyvalent, des experts tels les architectes navals, stratifi eurs, accastilleurs, chaudronniers, soudeurs, mécaniciens, monteurs… Beaucoup d’entre nous ont leur permis bateau, ce n’est pas un hasard. Nous sommes dans une démarche de certification ISO 9001.
Totalement ! D’abord parce qu’on fait de beaux bateaux, dont je suis fière. Avec de l’ambition et du courage, on y arrive ! Je touche à tout, je suis en relation directe avec les clients et les salariés. C’est vrai que les journées passent vite ; mais j’ai des collaborateurs efficaces. Et je m’arrange pour trouver un peu de temps, aussi, pour mon mari et mes deux fils !
Ufast (pour « ultra rapide », à prononcer « you fast »), tél. 02 98 53 63 68, www.ufast.fr