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Quimper au temps des courses hippiques

Parmi les nombreuses distractions offertes à la population quimpéroise figurent les très prisées courses de chevaux.

Deux sortes de courses ont lieu à Quimper. Celles qui se déroulent en été à l'hippodrome de Cuzon et celles qui se tiennent sur le champ de bataille au cœur de la ville.

Un champ de course pour Quimper

Depuis 1841 se tiennent à Quimper des courses hippiques sur la lande de Cuzon.

En 1842, la ville de Quimper, soucieuse de faire aussi bien que les communes de l'arrondissement, vote le 22 juin, une délibération relative à la création d'un prix spécial dit De la ville de Quimper. Afin de convaincre l'assemblée municipale, le maire Joseph Astor fait part de la situation favorable des finances de Quimper qui permet de voter sans inconvénient la dépense d'une somme de 500 francs affectée au prix de galop.

Plan de l'hippodrome de CuzonVoir l'image en grand Plan de l'hippodrome de CuzonLe 16 août de la même année, à l'occasion des fêtes patronales, est inauguré en grande pompe l'hippodrome de Cuzon.

L'hospice, propriétaire de la lande de Cuzon où se trouve l'hippodrome, cède alors sous certaines conditions à la société hippique pendant le mois d'août, la piste et la contre piste, l'emplacement ordinaire des tribunes et des estrades et le terrain sur lequel on range les voitures et les chevaux. En contre partie, la société se charge d'entretenir la piste et les talus.

Désormais, ont lieu tous les ans, les 16 et 17 août, des courses de chevaux dans cette nouvelle enceinte. Celles-ci sont conjointement organisées par la société des courses avec le concours de la Ville de Quimper et de Kerfeunteun. A cette occasion un piquet d'une vingtaine de soldats est mis à disposition du président des courses et des banquettes en bois sont installées sur les talus dominant l'hippodrome.

En 1865, il est décidé que pour l'intérêt des villes qui organisent des courses en Bretagne, un calendrier doit être établi pour éviter que certaines courses aient lieu le même jour dans deux villes différentes.

Le cheval et son cavalier à l'arrivée d'une course hippiqueVoir l'image en grand Le cheval et son cavalier à l'arrivée d'une course hippiqueLa saison hippique débute à Rennes en juin et se termine le 8 août à Lamballe. Quimper doit désormais organiser ses courses les 2 et 3 juillet. Ce qui n'est pas sans susciter quelques déconvenues pour les fermiers de l'hospice. En effet, l'établissement cultive la lande de Cuzon dans sa totalité ; l'hippodrome est alors une vaste prairie sur laquelle poussent les foins.

Afin de satisfaire aux réjouissances publiques d'importants dédommagements sont alors versés à l'institution. Il faut attendre 1869 pour voir de nouveau les courses se dérouler pendant la fête de l'Empereur, les 16 et 17 août.

Les courses de chevaux, attraction vedette des fêtes de juillet et d'août

Ce spectacle connaît un succès immédiat, tant est si bien que le sieur Danion, maire de Kerfeunteun, doit faire face à l'indiscipline de ses concitoyens.

En 1854, il prend un arrêté pour interdire la présence de chiens sur l'hippodrome et contre l'occupation des pistes par les spectateurs lors de l'exercice des chevaux et demande au maire de Quimper d'avoir l'obligeance de le faire publier en vue des festivités d'août.
Les courses sont rigoureusement réglementées :

« Aucun bruit de tambours, clairons ne pourra se faire entendre pendant que les chevaux courront, les applaudissements sont également interdits avant la proclamation du vainqueur [...] Il est interdit de fumer dans l'enceinte des estrades [...] Aucun mendiant ne pourra stationner sur les routes. Il est formellement interdit de se baigner aux abords du chemin qui conduit à l'hippodrome. »

Affiche des courses de 1887 Voir l'image en grand Affiche des courses de 1887 Différentes épreuves figurent au programme durant ces deux journées. Sont disputés sur l'hippodrome le Prix de la ville de Quimper de 1000 francs en 1865 (course au galop), le Prix du conseil général de 500 francs (course au trot), le Prix de la société et du comice agricole de Quimper d'un montant de 600 francs pour les chevaux de cultivateurs (steeple-chase : course d'obstacles pour les chevaux de plus de 5 ans) et une autre course steeple-chase pour gentlemen-riders de 1000 francs, le Prix du chemin de fer d'Orléans de 500 francs (course de haies), le Prix des haras de 2000 francs (course au galop) et le Prix du gouvernement (steeple-chase).

A l'issue des deux jours de courses, les commissaires, les membres de la commission et les souscripteurs forment un cortège en tête duquel les chevaux vainqueurs, précédés de la musique, se rendent sous l'escorte de la gendarmerie et des troupes de service sur le champ de bataille où la distribution des prix a lieu. Cette cérémonie est suivie d'un bal sous le marché couvert.

On compte parmi les heureux vainqueurs des courses organisées à Quimper, les chevaux de Messieurs Guilloré de La Landelle et Héliou qui remportent chacun le Prix Ville de Quimper en 1855.

Programme des courses des fêtes d'août 1898Voir l'image en grand Programme des courses des fêtes d'août 1898La jument nommée Mademoiselle Nicolas appartenant à la veuve Burlot gagne le Prix du chemin de fer soit 350 francs en 1865.

Le cheval Coquelicot est déclaré vainqueur de la course de steeple-chase en 1867 à l'hippodrome de Quimper où il se présente seul au poteau.

Mais certains participants contestent également le jugement rendu par le commissaire des courses à l'exemple du sieur Caillé qui rejette la disqualification de son cheval à la Course des Haras en 1859.
Le cheval Moulaneuf est également disqualifié pour avoir couru à Cuzon dans une épreuve non publiée dans le programme des courses de 1884.

Au cœur de la ville, d'épiques courses de chevaux

Jusqu'au début du XXème siècle, des courses de chevaux plus modestes se déroulent au printemps sur le champ de bataille transformé pour l'occasion en champ de courses.

La Ville de Quimper met à la disposition de la société hippique la place du champ de bataille pour les concours qui ont lieu au mois de juin. Le comité se charge des travaux de transformation de la place en champ de course. Une piste est tracée pour les courses d'attelages et de trot. Des haies et barrières avec ou sans rivière sont quant à elles dédiées au saut.

Le Champ de bataille transformé en hippodromeVoir l'image en grand Le Champ de bataille transformé en hippodromeDes tribunes réservées plus particulièrement aux officiels, aux sociétaires et à la petite bourgeoisie quimpéroise, sont spécialement installées au pied du mont-Frugy. Le quimpérois lambda est quant à lui relégué sur le Frugy jusqu'en 1906 où des tribunes publiques sont installées le long de la préfecture ou de l'Odet comme en 1907.

Quimper figure parmi les toutes premières villes du Finistère organisatrices de concours hippiques. Les amateurs de chevaux viennent de loin pour assister aux courses sur le désormais célèbre hippodrome de Cuzon. Cette tradition perdura plus d'un siècle avant que ne cesse en 1964 l'enthousiasmant spectacle des hommes et des chevaux.

© Archives municipales de Quimper